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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 13, trad Mardrus, 1903.djvu/112

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les mille nuits et une nuit

par s’écrier : « Ô chien des généalogistes, ta mort est préférable à ta vie ! » Et il fit signe au fonctionnaire du pal, en lui disant : « Perce le fondement de ce généalogiste-là ! » Et le géant, maître du pal, enleva le généalogiste dans ses bras, et, le posant par le fondement sur la pointe perforante en question, allait l’y laisser tomber de tout son poids, pour ensuite tourner le vilebrequin ascendant, quand le grand-vizir, l’homme doué du sens de la justice, supplia le roi de différer de quelques instants le supplice, en lui disant : « Ô mon maître souverain, ce généalogiste est certainement affligé d’un esprit imprudent et d’un faible jugement, pour ainsi prétendre faire descendre ce pur cheval d’une mère qui serait une femelle de buffle marin. Aussi, pour lui bien prouver que son supplice est mérité, il vaut mieux faire appeler ici l’écuyer qui a amené ce cheval de la part du chef des tribus arabes. Et notre maître le sultan l’interrogera en présence de ce généalogiste, et lui demandera de nous remettre le sachet qui contient l’acte de naissance de ce cheval et qui témoigne de sa race et de son origine ; car nous savons que tout cheval de sang noble doit porter attaché à son cou un sachet en forme d’étui qui contient ses titres et sa généalogie ! » Et le sultan dit : « Il n’y a pas d’inconvénient ! » et donna l’ordre d’amener en sa présence l’écuyer en question.

Lorsque l’écuyer fut entre les mains du sultan et qu’il eut entendu et compris ce qu’on lui demandait, il répondit : « J’écoute et j’obéis ! Et voici l’étui ! » Et, tirant de son sein un sachet en cuir ouvragé et incrusté de turquoises, il le remit au sultan qui en