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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 13, trad Mardrus, 1903.djvu/114

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les mille nuits et une nuit

tu as reconnu la tare de cette bête splendide ! » Et le généalogiste répondit : « La chose est aisée, ô mon seigneur ! Je n’ai eu qu’à regarder les sabots du cheval. Et notre maître n’a qu’à faire comme j’ai fait. » Et le roi regarda les sabots de la bête et vit qu’ils étaient fourchus, épais et longs, comme ceux des buffles, au lieu d’être unis, légers et ronds comme ceux des chevaux. Et le sultan, à cette vue, s’écria : « Allah est Tout-Puissant ! » Et il se tourna vers les serviteurs et leur dit : « Qu’on donne aujourd’hui à ce savant généalogiste une double ration de viande ainsi que deux galettes de pain, et de l’eau à discrétion ! »

Et voilà pour lui ! Mais pour ce qui est du généalogiste de l’espèce humaine, ce fut bien autre chose.

En effet, lorsque le sultan eut vu se passer ces deux événements extraordinaires, dus à la découverte par les deux généalogistes de la gemme qui contenait un ver dans son cœur et du poulain né d’un étalon pur sang et d’une femelle de buffle marin, et qu’il eut contrôlé par lui-même la science prodigieuse des deux hommes, il se dit : « Par Allah ! je ne sais pas, mais je crois que le troisième gredin doit être un savant plus prodigieux encore ! Et qui sait ce qu’il va découvrir que nous ne savons pas ! » Et il le fit amener sur-le-champ en sa présence, et lui dit : « Tu dois bien te souvenir, ô homme, de ce que tu as avancé en ma présence au sujet de ta science de la généalogie quant à l’espèce humaine, qui te fait découvrir l’origine directe des hommes, celle que la mère de l’enfant peut à peine connaître et que le père ignore, généralement. Et tu dois éga-