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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 13, trad Mardrus, 1903.djvu/113

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histoire compliquée de l’adultérin…
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défit aussitôt les cordons, et en tira un parchemin sur lequel étaient empreints les cachets de tous les chefs de la tribu où était né le cheval, et les attestations de tous les témoins présents à la saillie de la mère par le père. Et ce parchemin portait, en définitive, que le jeune poulain en question avait eu pour père un étalon pur sang de la race des Seglawi-Jedrân, et pour mère une femelle de buffle marin que l’étalon avait rencontrée, un jour qu’il voyageait sur le bord de la mer, et qu’il avait saillie à trois reprises, après avoir henni sur elle d’une façon péremptoire. Et il y était dit que cette femelle de buffle marin, ayant été capturée par les cavaliers, avait mis bas à terme ce poulain bai-brun, et qu’elle l’avait elle-même allaitée pendant un an, au milieu de la tribu. Et tel était le résumé du contenu du parchemin.

Lorsque le sultan eut entendu la lecture que lui avait faite le grand-vizir lui-même de ce document, et l’énumération des noms des cheikhs et des témoins qui l’avaient cacheté, il fut extrêmement confondu d’un fait aussi étrange, et, en même temps, fort émerveillé de la science divinatoire et infaillible du généalogiste des chevaux. Et il se tourna vers le fonctionnaire du pal, et lui dit : « Retire-le de dessus la planche du vilebrequin ! » Et, une fois qu’il fut de nouveau debout entre ses mains, il lui demanda : « Comment as-tu pu, d’un seul coup d’œil, juger de la race, de l’origine, des qualités et de la naissance de ce poulain ? Car ton assertion s’est trouvée vraie, par Allah ! et prouvée d’une manière irréfutable. Hâte-toi donc de m’éclairer sur les signes auxquels