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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 13, trad Mardrus, 1903.djvu/117

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histoire compliquée de l’adultérin…
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favorite ! » Et le généalogiste, prenant soudain un air réservé et discret, répondit : « C’est là une chose délicate, ô roi du temps, et je ne sais si je dois parler ou me taire ! » Et le sultan s’écria : « Hé, par Allah ! je ne t’ai fait venir que pour que tu parles ! Allons, sors ce que tu as, et pèse tes paroles, ô gredin ! » Et le généalogiste, sans s’émouvoir, dit : « Par la vie de notre maître, cette dame serait l’être le plus parfait parmi les créatures d’Allah, si elle n’avait un défaut originel qui dépare ses perfections personnelles ! »

En entendant ces dernières paroles et ce mot de défaut, le sultan, fronçant les sourcils et envahi par la fureur, tira tout à coup son cimeterre et sauta sur le généalogiste, pour lui trancher la tête, en criant : « Ô chien, fils de chien, tu vas certainement me dire que ma favorite est une descendante de quelque buffle marin ou qu’elle contient un ver dans son œil ou ailleurs ! Ah ! fils des mille cornards de l’impudicité, que cette lame fasse entrer ta longueur dans ta largeur ! » Et il lui eût infailliblement fait boire la mort d’une gorgée, si le vizir prudent et judicieux ne se fût trouvé là pour détourner son bras, et lui dire : « Ô mon seigneur, il vaut mieux ne pas ôter la vie à cet homme avant d’être convaincu de son crime ! » Et le sultan demanda à l’homme qu’il avait renversé et qu’il tenait sous son genou : « Eh bien, parle ! Quel est ce défaut que tu as trouvé à ma favorite ? » Et le généalogiste de l’espèce humaine répondit du même ton tranquille : « Ô roi du temps, ma maîtresse, ton honorable favorite, est un objet de beauté et de perfections, mais sa mère était une danseuse publique, une femme libre de la tribu