Aller au contenu

Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 13, trad Mardrus, 1903.djvu/153

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
histoire compliquée de l’adultérin…
145

toutes les séries de mes femmes, les blanches, les brunes, les blondes, les cuivrées, les noires, les grasses et les fines, mais aucune d’elles n’a réussi à dissiper ma tristesse. Et j’ai visité ensuite mes écuries, et j’ai regardé mes chevaux et mes juments et mes poulains, mais toute leur beauté n’a pu lever le voile qui noircit le monde devant mon visage. Et maintenant je viens te trouver, ô mon vizir plein de sagesse, afin que tu découvres un remède à mon état, ou que tu me dises les paroles qui guérissent. » Et le vizir répondit : « Ô mon seigneur, que dirais-tu d’une visite à l’asile des fous, le maristân, que tant de fois nous avons voulu voir ensemble, sans y être encore allés ? Je pense, en effet, que les fous sont des personnes douées d’un entendement différent du nôtre, et qu’ils voient entre les choses des rapports que les non-fous ne distinguent jamais, et qu’ils sont visités par l’esprit. Et peut-être que cette visite lèvera la tristesse qui pèse sur ton âme et dilatera ta poitrine ! » Et le sultan répondit : « Par Allah, ô mon vizir, allons visiter les fous du maristân ! »

Alors le sultan et son vizir, l’ancien sultan-derviche, sortirent du palais, sans prendre aucune suite avec eux, et marchèrent, sans s’arrêter, jusqu’au maristân, qui était la maison des fous. Et ils y entrèrent et la visitèrent en son entier ; mais, à leur extrême étonnement, ils n’y trouvèrent guère d’autres habitants que le chef des clefs et les gardiens ; quant aux fous, il n’y en avait ni l’ombre ni l’odeur. Et le sultan demanda au chef des clefs : « Où sont les fous ? » Et il répondit : « Par Allah, ô mon seigneur, nous n’en trouvons plus depuis un long espace de