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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 13, trad Mardrus, 1903.djvu/170

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les mille nuits et une nuit

liquéfier, et je roulai sur le sol, sans connaissance.

Et lorsque je revins à moi, ô mon seigneur le sultan, je me vis enchaîné dans ce maristân. Et les gardiens m’apprirent que j’étais devenu fou. Et ils ne me dirent rien de plus.

Et telle est l’histoire de ma prétendue folie et de mon emprisonnement dans cette maison de fous. Et c’est Allah qui vous envoie tous deux, ô mon seigneur le sultan, et toi, ô sage et judicieux vizir, pour me tirer de là-dedans. Et c’est à vous deux de juger, par la logique ou l’incohérence de mes paroles, si je suis réellement habité par l’esprit, ou si je suis seulement atteint de délire, de manie ou d’idiotie, ou si enfin je suis sain d’entendement. »


— Lorsque le sultan et son vizir, qui était l’ancien sultan-derviche adultérin, eurent entendu cette histoire du jeune homme, ils furent plongés dans de profondes réflexions, et restèrent pensifs, le front penché et les yeux attachés au sol, pendant une heure de temps. Après quoi, le sultan releva, le premier, la tête et dit à son compagnon : « Ô mon vizir, je jure par la vérité de Celui qui me plaça comme gouverneur sur ce royaume, que je n’aurai de repos, et ne mangerai ni ne boirai avant d’avoir découvert l’adolescente qui a épousé ce jeune homme. Hâte-toi donc de me dire ce qu’il faut que nous fassions dans ce but. » Et le vizir répondit : « Ô roi du temps, il faut que nous emmenions sans retard ce jeune homme, en quittant momentanément les deux autres jeunes hommes enchaînés, et que nous parcourions