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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 13, trad Mardrus, 1903.djvu/175

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histoire de l’adultérin… (deuxième fou)
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des fous et des déments. » Et le jeune homme commença son histoire en ces termes :

« Sachez donc, ô mes maîtres et la couronne sur ma tête, que moi aussi je suis un marchand fils de marchand, et qu’avant que je fusse jeté dans ce maristân, je tenais boutique dans le souk, où je vendais des bracelets et des ornements de toutes sortes aux femmes des riches seigneurs. Et, à l’époque où commence cette histoire, je n’avais que seize ans d’âge, et j’étais déjà réputé dans le souk pour ma gravité, mon honnêteté, ma tête lourde et mon sérieux dans les affaires. Et jamais je n’essayais de lier conversation avec les dames clientes ; et je ne leur disais que juste les paroles nécessaires pour la conclusion de l’affaire. Et d’ailleurs je pratiquais les préceptes du Livre, et ne levais jamais les yeux sur une femme d’entre les filles des musulmans. Et les marchands me proposaient en exemple à leurs fils, quand ils les amenaient avec eux au souk pour la première fois. Et plus d’une mère avait déjà engagé des pourparlers avec ma mère, à mon sujet, pour quelque mariage honorable. Mais ma mère réservait sa réponse pour une meilleure occasion, et éludait la question, en prétextant mon jeune âge et ma qualité d’enfant unique, et mon tempérament délicat.

Or, un jour, j’étais assis devant mon livre de comptes et j’en vérifiais le contenu, quand je vis entrer dans ma boutique une accorte petite négresse qui, après m’avoir salué avec respect, me dit : « C’est bien ici la boutique du seigneur marchand un tel ? » Et je répondis : « C’est la vérité ! » Alors elle tira de son