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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 13, trad Mardrus, 1903.djvu/180

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les mille nuits et une nuit

toi, et autour de toi, et sur la rondeur de ton bras blanc, et sur la finesse de ton poignet d’enfant, et sur le fusèlement de tes doigts de houri, ô ma maîtresse ! » Et elle me dit : « Quoi donc ? Ainsi, ce n’est pas vrai ? Et pourtant, chez moi, si souvent on m’avait affirmé le contraire. » Puis elle ajouta : « Fais-moi voir des colliers et des pectoraux d’or. » Et moi, titubant sans avoir connu de vin, je me hâtai de lui apporter ce que j’avais de plus riche et de plus léger en fait de colliers et de pectoraux d’or. Et aussitôt une des esclaves, avec des soins religieux, découvrit, en même temps que le cou de sa maîtresse, une partie de sa poitrine. Et, holla ! holla ! les deux seins, les deux à la fois, ô mon seigneur, les deux petits seins d’ivoire rose apparurent tout ronds, et si mutins, sur l’éblouissante neige de la poitrine ; et ils semblaient suspendus au cou de marbre pur comme deux beaux enfants jumeaux au cou de leur mère. Et moi, à cette vue, je ne pus me retenir de crier, en détournant la tête : « Couvre ! couvre ! Qu’Allah étende ses voiles ! » Et elle me dit : « Eh quoi ! tu ne m’essaies pas les colliers et les pectoraux ? Mais qu’à cela ne tienne ! Je te demanderai autre chose. Toutefois, dis-moi auparavant ! suis-je difforme, ou mamelue comme la femelle du buffle, et noire, et velue ? Ou bien suis-je décharnée, et sèche comme un poisson salé, et plate comme l’établi du menuisier ! » Et moi je m’écriai : « Le nom d’Allah sur toi et autour de toi et sur tes charmes cachés et sur tes fruits cachés et sur toute ta beauté cachée, ô ma maîtresse ! » Et elle dit : « M’auraient-ils donc abusée, ceux-là qui m’ont si souvent affirmé qu’on ne pouvait trouver rien de plus laid