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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 13, trad Mardrus, 1903.djvu/179

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histoire de l’adultérin… (deuxième fou)
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voyant mon embarras, elle sourit et dit : « Qu’à cela ne tienne, ô jeune homme ! Je te demanderai autre chose. Mais, auparavant, dis-moi ! En vérité, on m’avait dit, chez moi, que j’avais des jambes d’éléphant. Est-ce vrai cela ? » Et moi, je m’écriai : « Le nom d’Allah sur toi et autour de toi et sur la perfection de tes chevilles, ô ma maîtresse ! La gazelle, en les voyant, dépérirait de jalousie ! » Alors elle me dit : « Et je croyais le contraire, pourtant ! » Puis elle ajouta : « Fais-moi voir des bracelets ! » Et, moi, les yeux encore pleins de la vision de ces chevilles adorables et de ces jambes de perdition, je cherchai ce que j’avais de plus fin et de plus étroit, en fait de bracelets d’or et d’émail, et les lui apportai. Mais elle me dit : « Essaie-les-moi, toi-même. Moi je suis bien lasse, aujourd’hui. » Et aussitôt une des esclaves se précipita et releva les manches de sa maîtresse. Et à mes yeux apparut un bras, haï ! haï ! un col de cygne, plus blanc et plus lisse que le cristal, et terminé par un poignet et par une main et par des doigts, haï ! haï ! du sucre candi, ô mon seigneur, des dattes confites, une joie de l’âme, un délice, un pur délice suprême. Et moi, m’inclinant, j’essayai sur ce bras miraculeux mes bracelets. Mais les plus étroits, ceux confectionnés pour les mains d’enfants, ballottaient outrageusement sur ces fins poignets transparents ; et je me hâtai de les en retirer, de crainte que leur contact ne froissât cette peau candide. Et elle sourit de nouveau, en voyant ma confusion, et me dit : « Qu’as-tu vu, ô jeune homme ? Suis-je manchote, ou bien ai-je des mains de canard, ou bien un bras d’hippopotame ? » Et je m’écriai : « Le nom d’Allah sur