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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 13, trad Mardrus, 1903.djvu/188

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les mille nuits et une nuit

plus effroyable monstre de ce temps. Car c’est une créature dont la seule vue… » Mais moi, redoutant l’épouvantable énumération des horreurs dont il se disposait à affliger mon ouïe, je l’interrompis, pour m’écrier avec un accent où je mis toute mon âme et tout mon désir : « J’en suis satisfait ! j’en suis satisfait ! » Et j’ajoutai : « Par Allah sur toi, ô notre père, épargne-toi la douleur de parler de ton honorable fille en termes pénibles, car, quoi que tu puisses m’en dire, et quelque dégoûtante que puisse être la description que tu m’en feras, je continuerai à la solliciter en mariage, car j’ai un goût spécial pour les horreurs, quand elles sont du genre de celles dont est affligée ta fille, et, je te le répète, je l’accepte telle qu’elle est, et j’en suis satisfait, satisfait, satisfait ! »

Lorsque le Cheikh al-Islam m’eut entendu parler de la sorte, et qu’il eut compris que ma résolution était inébranlable et mon désir inchangeable, il frappa ses mains l’une dans l’autre de surprise et d’étonnement, et me dit : « J’ai libéré ma conscience devant Allah et devant toi, ô mon fils, et tu ne pourras t’en prendre qu’à toi seul de ton acte de folie. Mais, d’un autre côté, les préceptes divins me défendent d’empêcher le désir de se satisfaire, et je ne puis que te donner mon consentement. Et moi, à la limite du bonheur, je lui baisai la main, et je souhaitai que le mariage fût conclu et célébré le jour même. Et il me dit, en soupirant : « Il n’y a plus d’inconvénient ! » Et le contrat fut écrit et légalisé par les témoins ; et il y fut stipulé que j’acceptais mon épouse avec ses défauts, ses déformations, ses