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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 13, trad Mardrus, 1903.djvu/187

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histoire de l’adultérin… (deuxième fou)
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la vierge insigne à laquelle je souhaite, moi indigne, m’unir par les liens licites et le contrat légal ! »

À ces paroles, je vis le visage du vénérable vieillard noircir puis jaunir, et son front se baisser tristement vers le sol. Et il resta un moment plongé dans de pénibles réflexions sur le cas de sa fille, sans aucun doute. Puis il releva lentement la tête, et me dit avec un accent d’infinie tristesse : « Qu’Allah conserve ta jeunesse et te favorise toujours de ses grâces, ô mon fils ! Mais la fille que j’ai dans ma maison, derrière le rideau de chasteté, est sans espoir ! Et on ne peut rien en faire, et il n’y a rien à en tirer. Car… » Mais moi, ô mon seigneur le sultan, je t’interrompis soudain, pour m’écrier : « J’en suis satisfait ! j’en suis satisfait ! » Et le vénérable vieillard me dit : « Qu’Allah te comble de ses grâces, ô mon fils ! Mais ma fille ne convient pas à un beau jeune homme comme toi, plein d’aimables qualités, de force et de santé. Car c’est une pauvre infirme, dont sa mère a accouché avant terme, à la suite d’un incendie. Et elle est aussi contrefaite et laide que tu es beau et bien fait. Et, comme il faut que tu sois éclairé sur le motif qui me fait refuser ta demande, je pourrai, si tu le veux, te la dépeindre telle qu’elle est, car la crainte d’Allah est dans mon cœur, et je ne voudrais pas contribuer à t’induire en erreur ! » Mais moi je m’écriai : « Je la prends avec tous ses défauts, et j’en suis satisfait, tout à fait satisfait ! » Mais il me dit : « Ah, mon fils, n’oblige pas un père, qui tient à la dignité de son intérieur, à te parler de sa fille en termes pénibles ! mais ton insistance me force à te dire qu’en épousant ma fille tu épouses le