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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 13, trad Mardrus, 1903.djvu/196

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les mille nuits et une nuit

baissant la tête : « Il faut bien que je dise la vérité, puisque mes parents sont là pour me trahir. Mon père était en effet un baladin, montreur d’ours et de singes, et telle est la profession de ma famille et son origine. Mais, par la suite, le Rétributeur ouvrit sur nous la porte de la fortune, et nous avons acquis la considération auprès des marchands du souk et de leur syndic. » Et le père de ton épouse te dira : « Ainsi donc tu es un fils de baladin, de la tribu des funambules et des monteurs de singes ? » Et tu répondras : « Il n’y a pas moyen que je renie mon origine et ma famille, pour l’amour de ta fille et pour son honneur. Car le sang ne renie pas le sang, et le ruisseau sa source ! » Et il te dira, sans aucun doute : « En ce cas, ô jeune homme, il y a eu illégalité dans le contrat de mariage, puisque tu nous as caché ta souche et origine. Et il ne convient pas que tu restes l’époux de la fille du Cheikh al-Islam, chef suprême des kâdis, qui est assis sur le tapis de la loi, et qui est un chérif et un saïed dont la généalogie remonte aux parents de l’apôtre d’Allah ! Et il ne convient pas que sa fille, quelque oubliée qu’elle soit des bienfaits du Rétributeur, soit à la discrétion du fils d’un bateleur. » Et toi, tu répliqueras : « La ! la ! ya éfendi, ta fille est mon épouse légale, et chacun de ses cheveux vaut mille vies. Et moi, par Allah ! je ne m’en séparerais pas quand tu me donnerais les royaumes du monde ! » Mais, peu à peu, tu te laisseras persuader, et quand le mot de divorce sera prononcé, tu consentiras lentement à te séparer de ton épouse. Et tu prononceras, par trois fois, en présence du Cheikh al-Islam et de deux témoins, la