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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 13, trad Mardrus, 1903.djvu/202

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les mille nuits et une nuit

mairiens ? » Je dis : « Rien du tout ! » Elle dit : « Alors écoute ! Voici quelques-uns de ses noms : le sansonnet muet, le mouton gras, la langue silencieuse, l’éloquent sans paroles, l’étau adaptable, le crampon sur mesure, le mordeur enragé, le secoueur infatigable, l’abîme magnétique, le puits de Jacob, le berceau de l’enfant, le nid sans œuf, l’oiseau sans plumes, le pigeon sans tache, le chat sans moustaches, le poulet sans voix et le lapin sans oreilles. »

Et, ayant fini d’orner de la sorte mon entendement, et d’éclairer mon jugement, elle me saisit soudain entre ses jambes et ses bras, et me dit : « Yallah ! yallah, ô timbale ! sois rapide dans l’assaut, et lourd dans la descente, et léger dans le poids, et solide dans l’étreinte, et un nageur de fond, et un bouchon sans vide, et un sauteur sans arrêt. Car le détestable est celui qui se lève une fois ou deux fois pour ensuite s’asseoir, et qui lève la tête pour la baisser, et qui se met debout pour retomber. Et donc, hardi, ô gaillard ! » Et moi, ô mon seigneur, je répondis : « Hé, par ta vie, ô ma maîtresse, procédons par ordre ! procédons par ordre ! » Et j’ajoutai : « Par qui faut-il commencer ? » Elle répondit : « À ton choix, ô timbale ! » Je dis : « Alors, donnons d’abord son grain au sansonnet muet ! » Elle dit : « Il attend ! il attend ! »

Alors moi, ô mon seigneur le sultan, je dis à mon enfant : « Satisfais le sansonnet ! » Et l’enfant répondit par l’ouïe et l’obéissance, et fut large et généreux pour la pitance du sansonnet muet qui, du coup, se mit à s’exprimer dans le langage des sansonnets, disant : « Qu’Allah augmente ton bien ! qu’Allah augmente ton bien ! »