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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 13, trad Mardrus, 1903.djvu/211

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histoire de l’adultérin… (troisième fou)
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nuait à me dire : « Viens, bel enfant, viens ! » Et j’entrai dans la cahute et vis que la forme immobile était celle d’un vieillard très ancien, qui devait avoir un nombre incalculable d’années. Et son visage, malgré tout ce grand âge, était comme le soleil. Et il me dit : « Bienvenu l’orphelin qui vient hériter de mon enseignement ! » Et il me dit encore : « Je serai ton père et ta mère. » Et il me prit la main et ajouta : « Et tu seras mon disciple. Et tu deviendras, un jour, le maître d’autres disciples. » Et, ayant ainsi parlé, il me donna le baiser de paix, et me fit asseoir à ses côtés, et commença sur l’heure mon instruction. Et moi, je fus subjugué par sa parole et par la beauté de son enseignement ; et je renonçai pour lui à mes jeux et à mes camarades. Et il devint mon père et ma mère. Et je lui montrai un respect profond, une tendresse extrême et une soumission sans bornes. Et cinq années s’écoulèrent, pendant lesquelles j’acquis une instruction admirable. Et mon esprit fut nourri du pain de la sagesse.

Mais, ô mon seigneur, toute sagesse est vaine si elle n’est pas semée dans un terrain dont le fond soit de bonne nature. Car elle s’efface avec le premier coup du râteau de la folie, qui racle la couche fertile. Et en dessous il ne reste que la sécheresse et la stérilité.

Et je devais bientôt éprouver sur moi-même la force des instincts victorieux des préceptes.

Un jour, en effet, le vieux sage, mon maître, m’ayant envoyé mendier notre subsistance dans la cour de la mosquée, je m’acquittai de ma tâche ; et, après avoir été favorisé par la générosité des Croyants,