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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 13, trad Mardrus, 1903.djvu/231

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paroles sous les 99 têtes coupées
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ment autour de lui et devant lui finit par devenir si dense, qu’il ne put faire avancer son cheval sans risquer d’écraser quelque habitant. Et, bien perplexe, il se vit obligé de s’arrêter, et il demanda à ceux qui lui barraient le chemin : « Pourquoi, ô bonnes gens, empêchez-vous un étranger et son cheval d’aller se reposer de leurs fatigues ? Et pourquoi me refusez-vous si unanimement l’hospitalité ? »

Alors, du milieu de la foule, sortit un vieillard qui s’avança vers le jeune homme, saisit le cheval par la bride, et dit : « Ô bel adolescent, puisse Allah te sauvegarder de la calamité ! Que nul ne puisse éviter son destin, puisque le destin est attaché à notre cou, aucun homme sensé ne pourra jamais le contester ; mais que, au milieu d’une jeunesse en fleur, quelqu’un aille sans souci se jeter dans la mort, voilà qui est du domaine de la démence. Nous te supplions donc, et je te supplie au nom de tous les habitants, ô noble étranger, de retourner sur tes pas et de ne pas exposer ainsi ton âme à une perte sans recours ! » Et l’adolescent répondit : « Ô vénérable cheikh, je n’entre point dans cette ville dans l’intention de mourir. Quel est donc l’événement singulier qui semble me menacer, et quel est ce danger de mort que je vais encourir ? » Et le vieillard répondit : « S’il est vrai, comme viennent de nous l’indiquer tes paroles, que tu ignores la calamité qui t’attend au cas où tu suivras ce chemin, eh bien ! je vais te la révéler ! »

Et, au milieu du silence de la foule, il dit : « Sache, ô fils des rois, ô bel adolescent qui n’as point ton