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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 13, trad Mardrus, 1903.djvu/239

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paroles sous les 99 têtes coupées
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est le plus proche du ciel ? Est-ce une montagne ou une plaine ? »

Il dit : « C’est la Kaâba sainte, à la Mecque ! »

Elle dit : « Tu as excellé ! Mais peux-tu me révéler quelle est la chose amère qu’on doit tenir cachée ? »

Il répondit : « C’est la pauvreté, ô princesse ! Car, bien que jeune, j’ai déjà goûté à la pauvreté, et, bien que fils de roi, j’en ai éprouvé l’amertume. Et j’ai trouvé qu’elle était plus amère que la myrrhe et que l’absinthe ! Et on doit la cacher à tous les yeux, car les amis et les voisins en riraient les premiers ; et les plaintes ne rapporteraient que du mépris. »

Elle dit : « Tu as parlé avec justesse et selon ma pensée. Mais peux-tu me dire quelle est la chose la plus précieuse, après la santé ? »

Il répondit : « C’est l’amitié, quand elle est tendre. Mais pour trouver l’ami capable de tendresse, il faut l’éprouver d’abord et le choisir ensuite. Et une fois qu’on a choisi ce premier ami, il ne faut jamais y renoncer : car on ne garderait pas longtemps le second. C’est pourquoi, avant de le choisir, il faut le bien examiner pour voir s’il est sage ou ignorant, car le corbeau deviendra blanc avant que l’ignorant comprenne la sagesse ; car les paroles du sage, même s’il nous frappe avec un bâton, sont préférables aux louanges et aux fleurs de l’ignorant ; car le sage ne laisse point échapper une parole de sa bouche avant d’avoir consulté son cœur. »

Elle demanda : « Et quel est l’arbre le plus difficile à redresser ? »

Et l’adolescent répondit, sans hésiter : « C’est le