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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 13, trad Mardrus, 1903.djvu/245

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LA MALICE DES ÉPOUSES


Il m’est revenu, ô Roi fortuné, qu’il y avait, vivant à la cour d’un certain roi, un certain homme qui était bouffon de son métier et célibataire de son état. Or, un jour d’entre les jours, le roi, son maître, lui dit : « Ô père de la sagesse, tu es célibataire, et vraiment je désire te voir marié. » Et le bouffon répondit : « Ô roi du temps, par ta vie ! dispense-moi de cette béatitude-là. Moi, je suis un célibataire, et je crains beaucoup le sexe en question. Oui, en vérité, je crains beaucoup de tomber sur quelque débauchée, adultérine ou fornicatrice de la mauvaise espèce, et alors où serai-je ? De grâce, ô roi du temps, ne me force pas à devenir bienheureux, malgré mes vices et mon indignité. » Et le roi, à ces paroles, se mit à rire tellement qu’il se renversa sur son derrière. Et il dit : « Il n’y a pas ! aujourd’hui même il faut que tu te maries. » Et le bouffon prit un air résigné, baissa la tête, croisa ses mains sur sa poitrine, et répondit en soupirant : « Taïeb ! Ça va bien ! C’est bon ! »

Alors le roi fit mander son grand-vizir, et lui dit :