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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 13, trad Mardrus, 1903.djvu/246

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les mille nuits et une nuit

« Il faut trouver, pour notre fidèle serviteur que voici, une épouse qui soit belle et de conduite irréprochable et pleine de décence et de modestie. » Et le vizir répondit par l’ouïe et l’obéissance, et alla à l’instant trouver une vieille pourvoyeuse du palais, et lui donna l’ordre de fournir immédiatement au bouffon du sultan une épouse qui remplît les conditions précitées. Et la vieille ne se trouva pas prise au dépourvu ; et elle se leva à l’heure et à l’instant et engagea pour le bouffon une jeune femme, telle et telle, comme épouse. Et on célébra le mariage ce jour-là même. Et le roi fut content, et ne manqua pas de combler son bouffon de présents et de faveurs, à l’occasion de ses noces.

Or, le bouffon vécut en paix avec son épouse pendant une demi-année, ou peut-être sept mois. Après quoi, il lui arriva ce qui devait lui arriver, car nul n’échappe à sa destinée.

En effet, la femme avec laquelle le roi l’avait marié avait déjà eu le temps de prendre, pour son plaisir, quatre hommes sur son époux, quatre exactement, et de quatre variétés. Et le premier de ces chéris d’entre les amants était, de sa profession, pâtissier ; et le second était marchand de légumes ; et le troisième était boucher pour la viande de mouton ; et le quatrième était le plus distingué, car il était clarinette en chef de la musique du sultan, et le cheikh de la corporation des clarinettes, un personnage important.

Et donc, un jour, le bouffon, l’ancien célibataire, le nouveau père aux cornes, ayant été appelé de très bon matin auprès du roi, laissa son épouse en-