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les mille nuits et une nuit

femme s’excusait elle-même de ses débauches et de ses fornications, en se disant : « Je prends le pain où je le trouve, et la viande où elle est pendue. »

Or, celui qu’elle aimait le plus parmi ceux qui brûlaient pour elle, était un jeune saïss, un palefrenier de son époux le kaïem-makam. Mais comme depuis un certain temps l’époux s’était immobilisé dans la maison, les entrevues des deux amants devenaient plus rares et plus difficiles. Or, elle ne tarda pas à trouver un prétexte pour avoir plus de liberté, et dit alors à son mari : « Ô mon maître, je viens d’apprendre que la voisine de ma mère est morte, et je voudrais, à cause des convenances et des devoirs de bon voisinage, aller passer les trois jours des funérailles dans la maison de ma mère. » Et le kaïem-makam répondit : « Qu’Allah répare cette mort en allongeant tes jours ! Tu peux aller chez ta mère passer les trois jours des funérailles. » Mais elle dit : « Oui, ô mon maître, mais je suis une femme jeune et timide, et je crains beaucoup de marcher seule dans les rues, pour aller à la maison de ma mère, qui est si loin ! » Et le kaïem-makam dit : « Et pourquoi irais-tu seule ? N’avons-nous pas à la maison un saïss plein de zèle et de bonne volonté, pour t’accompagner dans des courses comme celle-ci ? Fais-le appeler, et dis-lui de mettre à ton intention la housse rouge sur l’âne, et de t’accompagner, en marchant à côté de toi et en tenant la bride de l’âne. Et recommande-lui bien de ne pas exciter l’âne avec la langue ou avec l’aiguillon, de peur qu’il ne rue et que tu ne tombes ! » Et elle répondit : « Oui, ô mon maître, mais appelle-le toi-même pour lui faire ces recom-