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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 13, trad Mardrus, 1903.djvu/261

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la malice des épouses (le marchand…)
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HISTOIRE RACONTÉE PAR LE MARCHAND DE LÉGUMES


« Il est raconté, ô roi du temps, qu’il y avait un homme qui était astronome, de son métier, et qui savait lire sur les visages et deviner les pensées par la physionomie. Et cet astronome avait une épouse qui était d’une insigne beauté et d’un charme singulier. Et cette épouse était toujours et partout derrière lui à vanter ses propres vertus et à faire parade de ses mérites, disant : « Ô homme, il n’y a point parmi le sexe ma pareille en pureté, en noblesse de sentiments et en chasteté. » Et l’astronome, qui était un grand physionomiste, ne douta point de ses paroles, tant, en effet, son visage reflétait de candeur et d’innocence. Et il se disait : « Ouallahi, il n’y a pas d’homme qui ait une épouse comparable à mon épouse, ce flacon de toutes les vertus. » Et il allait partout proclamant les mérites de son épouse, et chantant ses louanges, et s’émerveillant de sa tenue et de sa décence, alors que la vraie décence eût été, pour lui, de ne jamais parler de son harem devant les étrangers. Mais les savants, ô mon seigneur, et les astronomes en particulier, ne suivent pas les usages de tout le monde. C’est pourquoi les aventures qui leur arrivent ne sont pas les aventures de tout le monde.