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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 13, trad Mardrus, 1903.djvu/267

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la malice des épouses (le boucher)
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lesse, son bon caractère, sa légèreté de sang, son obéissance et sa crainte du Seigneur. Et elle avait dans sa maison une paire d’oies dodues et lourdes de délicieuse graisse ; et elle avait également, mais tout au fond de sa ruse et de sa maison, un amant dont elle était folle tout à fait.

Et donc, cet amant vint un jour lui faire une visite en cachette, et il vit devant elle les deux merveilleuses oies ; et du coup son appétit s’alluma sur elles ; et il dit à la femme : « Ô une telle, tu devrais bien nous cuisiner ces deux oies, et nous les farcir de la plus excellente manière, afin que nous puissions en réjouir notre gosier. Car mon âme souhaite ardemment la chair des oies, aujourd’hui. » Et elle répondit : « Cela est vraiment aisé ; et satisfaire tes envies est mon plaisir. Et par ta vie, ô un tel, je vais égorger les deux oies et les farcir ; et je te les donnerai toutes deux ; et tu les prendras et les emporteras chez toi, et les mangeras en toutes délices et bonté sur ton cœur. Et, de cette manière, cet entremetteur de malheur, mon époux, ne pourra en connaître ni le goût ni l’odeur ! » Il demanda : « Et comment feras-tu ? » Elle répondit : « Je servirai à son intention un tour de ma façon, qui lui entrera dans la cervelle ; et je te donnerai les deux oies ; car nul n’est aussi chéri que toi, ô lumière de mes yeux ! Et ainsi cet entremetteur ne connaîtra ni le goût des oies ni leur odeur. » Et, là-dessus, ils s’accolèrent mutuellement. Et, en attendant d’avoir les oies, l’adolescent s’en alla en sa voie. Et voilà pour lui.

Mais pour ce qui est de l’adolescente, lorsque, vers le coucher du soleil, son mari fut rentré de son tra-