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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 13, trad Mardrus, 1903.djvu/268

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les mille nuits et une nuit

vail, elle lui dit : « En vérité, ô homme, comment peux-tu prétendre à ce titre d’homme, quand tu es tellement dénué de la vertu qui fait les hommes vraiment dignes de ce nom, la générosité ? As-tu, en effet, jamais invité quelqu’un dans ta maison, et m’as-tu jamais dit, un jour d’entre les jours : « Ô femme, j’ai aujourd’hui un hôte dans la maison ? » Et t’es-tu jamais dit à toi-même : « Les gens finiront, si je continue à vivre avec une telle avarice, par déclarer que je suis un misérable ignorant des voies de l’hospitalité. » Et l’homme répondit : « Ô femme, rien n’est plus facile à réparer que ce retard ! Et demain, — inschallah ! — je t’achèterai de la viande d’agneau et du riz ; et tu cuisineras quelque chose d’excellent pour le dîner ou pour le souper, à ton choix, afin que je puisse inviter au repas quelqu’un de mes amis intimes. » Et elle dit : « Non, par Allah, ô homme ! Je préfère, au lieu de la viande en question, que tu m’achètes du hachis de viande, afin que je puisse en faire une farce, qui me servira à farcir nos deux oies, une fois que tu me les auras égorgées. Et je les rôtirai. Car rien n’est aussi savoureux que les oies farcies et rôties, et rien ne peut mieux que les oies blanchir le visage de l’hôte devant son invité. » Et il répondit : « Sur ma tête et sur mon œil ! Qu’il en soit ainsi ! »

Et donc, le lendemain à l’aube, l’homme égorgea les deux oies dodues, et alla acheter un ratl de hachis de viande, et un ratl de riz, et une once d’épices chaudes et d’autres assaisonnements. Et il porta le tout à la maison, et dit à son épouse : « Tâche de tenir les oies rôties prêtes pour midi, car c’est l’heure où