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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 13, trad Mardrus, 1903.djvu/271

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la malice des épouses (le boucher)
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les oies ! » Et il demanda : « Par Allah, qu’y a-t-il, et pourquoi ? pourquoi ? » Elle dit : « Ô mon désarroi ! ô mon émoi ! ah ! malheur à moi ! les oies ! les oies ! » Il demanda : « Hé, qu’ont-elles donc les oies ? Par Allah, tais-toi, et tiens ton gosier coi, et dis-moi ce qu’elles ont, tes oies ! Que je les voie, que je les voie ! » Elle dit : « Alors vois ! vois ! par là, par là ! ton hôte les emporta comme une proie, et s’en alla par la fenêtre, en sa voie ! » Et elle ajouta : « Et maintenant, festoie ! festoie ! »

À ces paroles de son épouse, l’homme sortit en toute hâte dans la rue, et vit son premier invité qui courait à toutes jambes, la tunique entre les dents. Et il lui cria : « Par Allah sur toi ! reviens, reviens, et je ne t’enlèverai pas le tout ! Reviens, et, par Allah, je ne te prendrai que la moitié ! » — Il voulait dire, par là, ô roi du temps, qu’il ne prendrait qu’une oie, et lui laisserait la seconde oie. — Mais, en l’entendant crier de la sorte, le fugitif, persuadé qu’on ne le rappelait que pour lui enlever un œuf au lieu des deux, s’écria, en continuant à fuir : « M’enlever un œuf ? c’est loin de ta langue de bœuf ! Cours donc après moi, si tu veux me frustrer d’un de mes œufs ! »

Et telle est mon histoire, ô roi plein de gloire ! »

— Et le roi, ayant entendu cette histoire du boucher, faillit s’évanouir de rire. Après quoi, il se tourna vers le bouffon, et lui demanda : « Faut-il, à celui-là, lui enlever un de ses œufs, ou bien tous les deux ? » Et le bouffon dit : « Laissons-lui ses œufs, car les lui enlever serait peu. Et ce n’est pas mon