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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 13, trad Mardrus, 1903.djvu/284

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les mille nuits et une nuit

ma bouche elles ont la même vertu que dans la bouche de cet effrayant bandit géant ! »

Et, oubliant toute sa pusillanimité ancienne, et poussé par la voix de sa destinée, Ali Baba le bûcheron se tourna vers le rocher et dit :

« Sésame, ouvre-toi ! »

Et bien que les trois mots magiques eussent été prononcés d’une voix mal assurée, le rocher se sépara et s’ouvrit largement. Et Ali Baba, dans une épouvante extrême, eut bien voulu tourner le dos à tout cela et livrer ses jambes au vent, mais la force de sa destinée l’immobilisa devant l’ouverture et le força à regarder. Et, au lieu de voir là dedans une caverne de ténèbres et d’horreur, il fut à la limite de la surprise en voyant s’ouvrir devant lui une large galerie, qui donnait de plain-pied sur une salle spacieuse creusée en voûte à même la pierre, et recevant largement la lumière par des ouvertures angulaires ménagées dans le haut. Si bien qu’il se décida à mettre un pied devant l’autre, et à pénétrer dans ce lieu qui, à première vue, n’avait rien de particulièrement terrifiant. Il prononça donc la formule propitiatoire : « Au nom d’Allah le Clément, le Miséricordieux ! » qui acheva de le réconforter, et s’avança sans trop trembler jusque dans la salle voûtée. Et dès qu’il y fut arrivé, il vit les deux moitiés du rocher se rejoindre sans bruit et boucher complètement l’ouverture : ce qui ne laissa pas de l’inquiéter, malgré tout, vu que la constance dans le courage n’était pas son fort. Toutefois il pensa qu’il pourrait désormais, grâce à la formule magique, faire s’ouvrir d’elles-mêmes devant lui toutes les