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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 13, trad Mardrus, 1903.djvu/285

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histoire d’ali baba…
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portes. Et il se laissa alors aller à regarder en toute tranquillité ce qui s’offrait devant ses yeux.

Et il vit, tout le long des murs, s’étageant jusqu’à la voûte, des piles et des piles de riches marchandises, et des ballots d’étoffes de soie et de brocart, et des sacs de provisions de bouche, et de grands coffres remplis jusqu’aux bords d’argent monnayé, et d’autres pleins d’argent en lingots, et d’autres remplis de dinars d’or et de lingots d’or par rangées alternées. Et, comme si tous ces coffres et tous ces sacs ne suffisaient pas pour contenir les richesses accumulées, le sol était jonché de tas d’or, de bijoux et d’orfèvreries, tant que le pied ne savait où se poser sans se heurter à quelque joaillerie ou se buter à quelque tas de dinars flambants. Et Ali Baba, qui de sa vie n’avait vu la vraie couleur de l’or ni même connu son odeur, s’émerveilla de tout cela à la limite de l’émerveillement. Et à voir ces trésors entassés là, au hasard des fournées, et ces innombrables somptuosités dont les moindres eussent avantageusement orné le palais d’un roi, il se dit qu’il devait y avoir non pas des années mais des siècles que cette grotte servait de dépôt, en même temps que de refuge, à des générations de voleurs fils de voleurs, descendants des pillards de Babylone.

Lorsqu’Ali Baba fut quelque peu revenu de son émerveillement, il se dit : « Par Allah, ya Ali Baba, voici que ta destinée prend un visage blanc, et te transporte d’à côté de tes ânes et de tes fagots au milieu d’un bain d’or comme n’en ont vu que le roi Soleïmân et Iskandar aux deux cornes ! Et du coup tu apprends les formules magiques et te sers de leurs