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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 13, trad Mardrus, 1903.djvu/291

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histoire d’ali baba…
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Et de la sorte ce sera à bon escient que nous pourrons dépenser le nécessaire et le superflu sur nos enfants ! »

Et Ali Baba, bien que cette précaution lui parût pour le moins superflue, ne voulut pas contrarier sa femme dans une occasion si pleine de joie pour eux tous, et lui dit : « Soit ! Mais va et reviens vite, et surtout prends bien garde de divulguer notre secret ou d’en dire le moindre mot ! »

Lors donc l’épouse d’Ali Baba sortit à la recherche de la mesure en question, et pensa que le plus court serait d’aller en demander une à l’épouse de Kassim, le frère d’Ali Baba, dont la maison ne se trouvait pas loin de là. Et elle entra chez l’épouse de Kassim, la riche, la pleine d’infatuation, celle qui ne daignait jamais inviter à quelque repas chez elle le pauvre Ali Baba ni sa femme, vu qu’ils étaient sans fortune ni relations, celle qui n’avait jamais envoyé la moindre sucrerie aux enfants d’Ali Baba, lors des fêtes et anniversaires, ni même acheté pour eux une poignée de pois chiches comme en achètent les très pauvres gens aux enfants des très pauvres gens. Et, après les salams de cérémonie, elle la pria de lui prêter une mesure en bois pour quelques moments.

Lorsque l’épouse de Kassim eut entendu ce mot de mesure, elle fut extrêmement étonnée, car elle savait Ali Baba et sa femme très pauvres, et elle ne pouvait comprendre à quel usage ils destinaient cet ustensile dont ne se servent d’ordinaire que les propriétaires de grandes provisions de grains, tandis que les autres se contentent d’acheter leur grain du jour ou de la semaine chez le grainetier. Aussi, bien