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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 13, trad Mardrus, 1903.djvu/311

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histoire d’ali baba…
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l’imam prit la tête du cortège, suivi par les lecteurs du Korân. Et Morgane marcha derrière les porteurs, tout en pleurs, en poussant des cris lamentables, en se frappant la poitrine à grands coups, et en s’arrachant les cheveux, tandis qu’Ali Baba fermait la marche, accompagné des voisins qui se détachaient à tour de rôle, de temps en temps, pour relayer et soulager les autres porteurs, et cela jusqu’à ce qu’on arrivât au cimetière, cependant que dans la maison d’Ali Baba, les femmes accourues pour la cérémonie funèbre mêlaient leurs lamentations et emplissaient tout le quartier de cris épouvantables. Et, de la sorte, la vérité de cette mort resta soigneusement à l’abri de toute divulgation, sans que personne pût avoir le moindre soupçon sur la funeste aventure. Et voilà pour tous ceux-là !

Quant aux quarante voleurs qui, à cause de la putréfaction des six quartiers de Kassim abandonnés dans la caverne, s’étaient abstenus pendant un mois de retourner à leur retraite, ils furent, à leur retour dans la caverne, à la limite de l’étonnement de ne plus trouver ni quartiers de Kassim, ni putréfaction de Kassim, ni quoi que ce fût qui, de près ou de loin, se rapprochât de cela. Et, cette fois, ils réfléchirent sérieusement à la situation, et le chef des quarante dit : « Ô hommes, nous sommes découverts, il n’y a plus à en douter, et notre secret est connu. Mais si nous ne cherchons promptement à y apporter le remède, toutes les richesses, que nous et nos ancêtres avons amassées avec tant de peine et de fatigues, nous seront bientôt enlevées par le complice du voleur que nous avons châtié. Il faut donc que, sans perdre