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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 13, trad Mardrus, 1903.djvu/318

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les mille nuits et une nuit

nous a été causé est découvert, puisque je connais bien sa maison maintenant. Et, par Allah ! sa punition sera une terrible punition. Pour vous, mes gaillards, hâtez-vous de m’apporter ici trente-huit grandes jarres de terre cuite vernissée à l’intérieur, au col large et au ventre rebondi. Et que ces trente-huit jarres soient vides, à l’exception d’une seule que vous remplirez d’huile d’olive. Et veillez à ce qu’elles soient tous exemptes de fêlure. Et revenez sans retard. » Et les voleurs, habitués à exécuter sans pensée les ordres de leur chef, répondirent par l’ouïe et l’obéissance, et se hâtèrent d’aller se procurer au souk des potiers les trente-huit jarres en question, et de les apporter à leur chef, deux par deux, sur leurs chevaux.

Alors le chef des voleurs dit à ses hommes : « Mettez vos habits et que chacun de vous entre dans une jarre, ne gardant avec lui que ses armes, son turban et ses babouches ! » Et les trente-sept voleurs, sans dire un mot, grimpèrent deux par deux sur le dos des chevaux porteurs de jarres. Et comme chaque cheval portait deux jarres, une à droite et l’autre à gauche, chaque voleur se laissa glisser dans une jarre, où il disparut entièrement. Et ils se trouvèrent de la sorte repliés sur eux-mêmes, les jambes touchant les cuisses, et les genoux à la hauteur du menton, dans les jarres, comme seraient au vingtième jour les poussins dans les œufs. Et, ainsi installés, ils tenaient un cimeterre dans une main et un gourdin dans l’autre main, avec leurs babouches soigneusement calées sous leur derrière. Et le trente-septième voleur faisait de la sorte vis-à-vis