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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 13, trad Mardrus, 1903.djvu/58

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les mille nuits et une nuit

Et, voyant qu’il était fatigué, il le fit asseoir sur un banc, et lui dit : « Ô étranger, tu es jeune et tu ne seras pas malheureux dans notre ville, où les jeunes gens sont fort cotés et très recherchés, surtout quand ils sont, comme toi, de solides gaillards. Dis-moi donc si tu es disposé à habiter notre ville, dont les coutumes sont très favorables aux étrangers qui veulent s’y établir. » Et sultan Mahmoud répondit : « Par Allah, je ne demande pas mieux que de demeurer ici, pourvu que je puisse trouver à y manger autre chose que les fèves dont on m’a nourri pendant cinq ans ! » Et le vieux marchand lui dit : « Que parles-tu de fèves, ô pauvre ! Ici tu seras nourri de choses exquises et fortifiantes, pour la besogne qu’il te faut accomplir ! Écoute-moi donc avec attention, et suis le conseil que je vais te donner ! » Et il ajouta : « Hâte-toi d’aller de ce pas te poster à la porte du hammam de la ville, qui est là, au tournant de la rue. Et à chaque femme qui sortira tu demanderas, en l’abordant, si elle a un mari. Et celle qui te dira qu’elle n’en a pas, sera ton épouse sur l’heure, selon la coutume du pays ! Et surtout prends garde d’omettre de poser la question à toutes les femmes sans exception que tu verras sortir du hammam, sinon tu cours grand risque d’être chassé de notre ville ! » Et sultan Mahmoud alla se poster à la porte du hammam, et il n’était pas là depuis longtemps quand il vit sortir une splendide jouvencelle de treize ans. Et il pensa, en la voyant : « Par Allah, avec celle-ci je me consolerais bien de tous mes malheurs ! » Et il l’arrêta et lui dit : « Ô ma maîtresse, es-tu mariée ou célibataire ? » Et elle répondit : « Je suis mariée de l’année