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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 13, trad Mardrus, 1903.djvu/91

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le trésor sans fond
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Or, le lendemain de la visite du chef de la police, le kâdi me fit appeler chez lui et me dit : « Ô jeune homme, Allah est le maître des trésors, et le quint Lui revient de droit. Paie donc le quint de ton trésor, et tu seras le tranquille possesseur des quatre autres parties ! » Je répondis : « Je ne sais trop ce que veut signifier notre maître le kâdi à son serviteur. Mais je m’engage à lui donner tous les jours, pour les pauvres d’Allah, mille dinars d’or, à condition qu’on me laisse en repos. » Et le kâdi approuva fort mes paroles, et accepta ma proposition.

Mais, quelques jours plus tard, un garde vint me chercher de la part du wali de Bassra. Et, lorsque je fus arrivé en sa présence, le wali, qui m’avait accueilli d’un air engageant, me dit : » Me crois-tu assez injuste pour t’enlever ton trésor, si tu me le montrais ? » Et je répondis : « Qu’Allah prolonge de mille ans les jours de notre maître le wali ! Mais, dût-on m’arracher la chair avec des tenailles brûlantes, je ne découvrirai point le trésor qui est en effet, en ma possession. Toutefois je consens à payer chaque jour à notre maître le wali, pour les malheureux de sa connaissance, deux mille dinars d’or. » Et le wali, devant une offre qui lui parut si considérable, n’hésita pas à accepter ma proposition, et me renvoya, après m’avoir comblé de prévenances.

Et, depuis ce temps, je paie fidèlement à ces trois fonctionnaires la redevance journalière que je leur ai promise. Et, en retour, ils me laissent mener la vie de largesse et de générosité pour laquelle je suis né. Et telle est, ô mon seigneur, l’origine d’une for-