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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 15, trad Mardrus, 1904.djvu/143

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histoire de la jouvencelle…
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Qu’Allah ne nous prive jamais de tes pas ! » Et Zobéida entra chez la favorite, et s’assit à côté d’elle. Et son visage était triste et soucieux. Et elle dit : « Ô Tohfa, je sais ton grand cœur, et tes paroles ne me surprennent pas. Car la générosité chez toi est un don naturel. Or moi, par la vie de l’émir des Croyants ! je n’ai point pour habitude de sortir de mes appartements, et d’aller rendre visite aux épouses et aux favorites du khalifat, mon cousin et époux. Mais aujourd’hui je viens t’exposer la situation humiliante qui m’est faite, depuis ton entrée au palais. Sache, en effet, que je suis complètement délaissée, et réduite au rang de concubine sèche. Car l’émir des Croyants ne vient plus me voir et ne demande plus de mes nouvelles. » Et elle se mit à pleurer. Et Tohfa pleura avec elle et faillit s’évanouir. Et Zobéida lui dit : « Je suis donc venue t’adresser une requête, et c’est de faire en sorte qu’Al-Rachid m’accorde une nuit par mois, seulement, afin que je ne sois pas tout à fait au rang des esclaves. » Et Tohfa baisa la main de la princesse, et lui dit : « Ô couronne sur ma tête, ô notre maîtresse, je souhaite de toute mon âme que le khalifat passe tout le mois et non une nuit près de toi, afin que ton cœur soit réconforté, et que je sois pardonnée, moi qui, par ma venue, fus la cause de ton chagrin. Et puissé-je un jour n’être qu’une esclave entre tes mains de reine et de maîtresse. »

Or, sur ces entrefaites, Al-Rachid rentra de la chassé, et se dirigea en ligne droite vers le pavillon de sa favorite. Et sett Zobéida, l’ayant aperçu de loin, se hâta de s’enfuir, après que Tohfa lui eut