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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 15, trad Mardrus, 1904.djvu/147

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histoire de la jouvencelle…
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riya est amoureuse de toi à la folie et ne jure que par ton nom et par tes yeux. Et quand elle vient ici et qu’elle te voit, pendant que tu es endormie, elle fond de désir et meurt de ta beauté. Et le temps pour elle n’est que langueur, excepté la nuit quand elle vient à toi et qu’elle jouit de ta vue sans que tu la voies. Je viens donc auprès de toi, en messager, te raconter ses peines et la langueur où elle se trouve loin de toi, et te dire de sa part et de ma part que, si tu le veux bien, je te conduirai au Gennistân, où tu seras élevée au plus haut rang parmi les rois des genn. Et tu gouverneras nos cœurs, comme tu gouvernes ici les cœurs des fils des hommes. Or, aujourd’hui les circonstances se prêtent merveilleusement à ton voyage. Car nous allons célébrer les noces de ma fille et la circoncision de mon fils. Et la fête sera illuminée de ta présence ; et les genn seront touchés de ta venue, et t’agréeront tous pour leur reine. Et tu séjourneras parmi nous tant que tu voudras. Et si tu ne te plais pas au Gennistân, et que tu ne te fasses pas à notre vie, qui est une vie de fêtes continuelles, je fais ici le serment de te ramener où je te prends, sans insistances ni difficultés. »

Et, ayant entendu ce discours d’Éblis — qu’il soit confondu ! — l’épouvantée Tohfa n’osa pas refuser la proposition, par crainte de complications diaboliques. Et elle répondit « oui », d’un signe de tête. Et aussitôt Éblis prit d’une main le luth que lui confia Tohfa, et la prit elle-même de l’autre main, en disant : « Bismillah ! » Et la conduisant ainsi, il ouvrit les portes, sans l’aide de clefs, et marcha