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histoire de la jouvencelle…
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Mon nom, Yas-mîn, offre une énigme dont le sens propre ne peut que plaire aux novices dans la vie spirituelle :

Il est composé de deux mots différents, désespoir et erreur. Je signifie donc, en mon langage muet, que le désespoir est une erreur.

C’est pourquoi j’apporte avec moi le bonheur, et je pronostique la félicité et la joie.

Je suis le jasmin. Et ma couleur atteste le camphre, ô mes seigneurs !

« Et maintenant, ô mes maîtres et mes maîtresses, si vous le voulez bien, je vous dirai le Chant du Narcisse. Le voici :

« Ma beauté ne m’enivre point, parce que mes yeux sont langoureux, que je me balance harmonieusement, et que noble est mon origine.

Toujours auprès des fleurs, je me plais à les considérer ; je m’entretiens avec elles au clair de la lune, et je suis constamment leur camarade.

Ma beauté me donne le premier rang parmi mes compagnes, et je suis néanmoins leur serviteur. Aussi apprendrai-je à quiconque le désirera quelles sont les obligations du service.

Je me ceins les reins de la ceinture de l’obéissance, et je me tiens debout comme un bon serviteur.

Je ne m’assieds point avec les autres fleurs, et je ne lève pas la tête vers mon commensal.

Je ne suis jamais avare de mon parfum pour celui qui désire le respirer, et je ne suis jamais rebelle à la main qui me cueille.