voix, il cria à l’homme : « Lâche prise, laisse-moi cette femme, et sauve ta vie ! » Et il réitéra par trois fois sa sommation. Mais l’homme le laissa approcher, puis, calme et placide, sans presser le pas, il jeta à celle qu’il conduisait le licou du chameau, et, d’une voix tranquille, il entonna ce chant :
« Ô dame, marche du pas heureux d’une femme dont le cœur n’a jamais palpité de crainte, et dont la croupe saillante s’est arrondie dans la sécurité.
Et sois témoin de l’accueil que va faire à ce cavalier, le Firâcide qui n’a jamais connu la honte de tourner le dos à l’ennemi.
Car voici, sous tes yeux, un échantillon de mes coups. »
Sur ce, il chargea le cavalier de Doreïd, le désarçonna d’un coup de lance, et l’étendit raide mort dans la poussière. Puis il prit le cheval sans maître et, après en avoir fait hommage à sa dame, il sauta en selle d’un coup de jarret, et se mit à cheminer comme auparavant, sans plus de hâte ni d’émotion…
— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut.
LA NEUF CENT SOIXANTE-TREIZIÈME NUIT
Elle dit :