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les mille nuits et une nuit

… sans plus de hâte ni d’émotion. Quant à Doreïd, comme il ne voyait pas reparaître son messager, il envoya à la découverte un autre cavalier. Et celui-ci, trouvant son compagnon sans vie sur le sentier, poussa vers le voyageur et lui cria, de loin, la même sommation que lui avait adressée le premier agresseur. Mais l’homme fit comme s’il n’avait point entendu. Et le cavalier de Doreïd courut sus à lui, la lance brandie. Mais l’homme, sans s’émouvoir, jeta de nouveau à sa dame le licou du chameau, et chargea soudain le cavalier, en lui adressant ces vers :

« Voici sur toi la fatalité aux canines de fer, ô rejeton de l’infamie, qui te mets sur la route de la femme libre et inviolable.

Entre elle et toi est ton maître Rabiah, dont la loi pour un ennemi est le fer de sa lance, une lance qui lui obéit à souhait. »

Et le cavalier, le foie transpercé, fut abattu, déchirant la terre de ses ongles. Et il but la mort d’une gorgée. Et le vainqueur continua, sans se presser, son chemin.

Et Doreïd, plein d’impatience, et inquiet sur le sort de ses deux cavaliers, détacha un troisième homme avec la même consigne. Et l’éclaireur arriva sur les lieux, et trouva ses deux compagnons allongés sans vie sur le sol. Et il aperçut, plus loin, l’étranger qui cheminait avec tranquillité, conduisant d’une main le chameau de la dame, et traînant nonchalamment après lui sa lance. Et il lui cria :