Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 16, trad Mardrus, 1904.djvu/117

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les lucarnes… (le poète doreïd…)
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Visage ravissant, du poli le plus admirable, beau comme la face de nos statues d’or, visage que pare la richesse d’une chevelure semblable à la queue brillante des étalons de haute noblesse.

Opulente, riche chevelure ! Abandonnée à elle-même nonchalamment, elle flotte en longues chaînes miroitantes ; peignée et rangée, l’on dirait de belles grappes qu’une petite pluie a lissées.

Deux sourcils déliés à la douce courbure, deux lignes sans défaut tracées par le calam d’un savant, couronnes superbes au-dessus de deux grands yeux d’antilope.

Des joues doucement modelées qu’avive une pourpre légère, aurore levée sur un champ d’un tendre blanc de perle.

Une bouche que la grâce a fait fleurir, source de suavité, sur des dents aux stries imperceptibles, perles pures, pétales de jasmin humectés de miel parfumé.

Un cou blanc comme l’argent dans la mine, onduleux, monté sur une poitrine semblable aux poitrines magnifiques de nos statuettes d’ivoire.

Deux bras remplis d’une chair ferme, délicieux d’embonpoint ; deux avant-bras où l’on ne sent pas d’os, où l’on ne touche pas de veines ; des phalanges et des doigts dont rougiraient d’envie les dattes sur les branches.

Un ventre luxuriant, aux plis délicats et rapprochés, comme le papier plié en gradins minces, et rangés autour d’un nombril, petite boîte d’ivoire où l’on garde les parfums.

Le dos ! ô gracieux sillon de ce dos qui aboutit à la taille svelte si flexible, oh oui ! si fragile qu’il a fallu