Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 16, trad Mardrus, 1904.djvu/123

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les lucarnes… (le poète doreïd…)
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et la base de notre maison, il est parti dans une calamité.

Il est mort, celui qui était le phare et le modèle des hommes de haut courage ; qui était, pour eux, comme les feux allumés sur les cimes des montagnes.

Il est mort, celui qui montait les cavales précieuses, éblouissant dans ses vêtements ;

Le héros au long baudrier, qui était le roi de nos tribus quand il n’était encore qu’imberbe, le jeune homme de vaillance et de beauté,

Mon frère aux deux mains généreuses, la main même de la générosité. Il n’est plus ! Il est sous la tombe, froid, enfermé sous le roc et la pierre.

Dites à sa jument Alwa au poitrail admirable : « Pleure, gémis sur les courses vagabondes ; ton maître ne te chevauchera plus ! »

Ô fils d’Amr, la gloire galopait à tes côtés, quand la bataille en fureur retroussait jusqu’aux cuisses sa longue cotte d’armes,

Quand la flamme de la guerre faisait heurter les hommes corps à corps, et qu’avec tes frères vous passiez, chevaux contre chevaux, vampires et vautours enfourchés par des démons.

Certes ! tu la méprisais la vie aux jours des combats, quand mépriser la vie est plus grand et plus digne de souvenir.

Combien de fois tu t’es précipité contre les tourbillons hérissés de casques de fer et bardés de doubles cottes de mailles, impassible au milieu des horreurs sombres comme les teintes goudronnées de l’orage.

Fort et élancé, telle une hampe de Roudaïna, tu