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les mille nuits et une nuit

brillais de toute ta jeunesse, sur ta taille semblable à un bracelet d’or,

Quand autour de toi, au milieu du pêle-mêle des batailles, la mort traînait les pans de son manteau dans le sang.

Combien de chevaux tu as précipités sur les escadrons ennemis, ô mon frère, alors que la meule rouge des batailles roulait terriblement sur les plus braves des deux camps !

Tu relevais alors les pans de ton étincelante cotte de mailles sur ton coursier à qui les entrailles bondissaient et grondaient dans les flancs.

Tu animais les lances, tu les excitais à confondre leurs éclairs, quand elles allaient fouiller les entrailles des guerriers jusqu’au fond des reins.

Tu étais le tigre hardi qui se lance à la curée, au milieu de la tourmente, armé de ses doubles armes, dents et griffes.

Que de captives désolées et heureuses tu as conduites devant toi, en troupes comme de belles antilopes que mettent en émoi les premières gouttes de pluie !

Que de belles et blanches femmes tu as sauvées le matin, à l’heure de la mêlée, lorsqu’elles erraient, leur voile en désordre, éperdues de frayeur et d’épouvante !

Que de malheurs tu nous as évités, dont l’effroyable aspect ou le seul récit eût fait avorter les femmes enceintes ! Que de mères, si ton sabre n’avait pas été là, fussent restées sans enfant !

Et puis, ô mon frère, que de rimes de combat tu as chantées sans effort, dans le tumulte, perçantes