Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 16, trad Mardrus, 1904.djvu/137

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les lucarnes… (aventure amoureuse…)
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son. Et, pour épancher sa douleur et ses regrets, il composa la kacidah que voici :

Adieu, la belle Békride ! Et que le bonheur reste, malgré mon départ, à tes côtés !

Hélas ! naguère encore, malheureux Mourakisch, ta Fatimah, par sa taille élégante comme la branche du nabk, et par sa démarche cadencée comme celle de l’autruche,

Par sa taille et par sa démarche et par sa beauté limpide comme l’eau des étangs,

Par sa beauté et par ses belles dents limpides humectées d’une fraîche salive,

Qui semblait être une pure rosée ! et par ses joues unies et lisses comme une surface d’argent ; et par ses mains jolies et leurs bracelets ; et par les flots noirs de ses cheveux,

Elle enchantait tes nuits, et poignardait ton cœur. Hélas ! c’est l’adieu. Et tout s’est évanoui.

Pour un caprice d’ami, ô généreux Mourakisch, tu as fait tout s’évanouir. Mords-toi de désespoir, et coupe avec tes dents tes dix doigts, à cause du caprice d’un bel ami.

Hélas ! tout s’est évanoui, et ce n’est point un songe, car tu veilles, et les songes sont de belles illusions du sommeil, et ils te sont à tout jamais interdits !

Et le poète Mourakisch fut un de ceux qui moururent d’amour.


— Puis le jeune homme dit à ses auditeurs : « Avant