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les mille nuits et une nuit

maris de nombreux enfants, les environner de prévenances et de soins, et ne jamais méconnaître les bienfaits d’Allah par leur entremise. Car, ô ma bien-aimée Aischah, le Rétributeur chasse de Sa miséricorde la femme qui a méconnu Ses bontés. Et celle qui, fixant des regards insolents sur son mari, aura dit devant ou derrière lui : « Que laide est ta face ! que tu es hideux, vilain être ! » cette femme-là, ô Aischah, Allah lui tordra l’œil et la fera louche, lui allongera et déformera le corps, la rendra lourde et ignoble, masse repoussante de viande flasque, salement accroupie sur sa base aux chairs fripées, affaissées, et pendantes. Et la femme qui, dans la couche conjugale, ou ailleurs, se fait hostile à son mari, ou l’irrite par d’aigres paroles, ou souille son humeur, oh ! celle-là le Rétributeur, au jour du Jugement, lui tirera la langue en une sale lanière charnue, allongée de soixante-dix coudées, et qui viendra s’enrouler au cou de la coupable, viande horrible et livide. Mais, ô Aischah, la femme de vertu qui ne trouble jamais la tranquillité de son mari, qui ne passe jamais la nuit hors de sa demeure sans en avoir du moins pris la permission, qui ne s’affuble point de vêtements recherchés et de voiles précieux, qui ne se passe pas des cercles précieux aux bras et aux jambes, qui ne cherche jamais à attirer les regards des Croyants, qui est belle de la beauté naturelle mise en elle par son Créateur, qui est douce de paroles, riche en œuvres de bien, prévenante et empressée pour son mari, tendre et aimante pour ses enfants, bonne conseillère pour sa voisine, et bienveillante pour toute créature d’Allah,