Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 16, trad Mardrus, 1904.djvu/157

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
les lucarnes… (omar le séparateur)
153

rité et rigueur, et même en châtiant à coups de bâton, séance tenante, les marchands qui trompaient les acheteurs ou surfaisaient la marchandise.

Or, un jour, comme il passait par le souk au lait frais et caillé, il vit une vieille femme qui avait devant elle plusieurs jattes de lait pour la vente. Et il s’approcha d’elle, après l’avoir regardé faire pendant un certain temps, et lui dit : « Ô femme, garde-toi désormais de tromper les Musulmans comme je viens de te le voir faire, et veille à ne plus mettre d’eau dans ton lait. » Et la vieille répondit : « J’écoute et j’obéis, ô émir des Croyants. » Et Omar passa outre. Mais le lendemain il fit sa tournée du côté du souk au lait, et, s’approchant de la vieille laitière, il lui dit : « Ô femme de malheur, ne t’ai-je pas déjà avertie de ne pas mettre d’eau dans ton lait ? » Et la vieille répondit : « Ô émir des Croyants, je te certifie que je ne l’ai plus fait. » Mais elle n’avait pas prononcé ces mots que, de l’intérieur, une voix de jeune fille se fit entendre, indignée, qui dit : « Comment, ma mère ! Tu oses mentir à la face de l’émir des Croyants, ajoutant ainsi à la fraude un mensonge, et au mensonge le manque de vénération au khalifat ! Qu’Allah vous pardonne ! »

Et Omar entendit ces paroles et s’arrêta ému. Et il ne fit aucun reproche à la vieille. Mais se tournant vers ses deux fils Abdallah et Acim, qui l’accompagnaient dans sa tournée, il leur dit : « Lequel de vous deux veut épouser cette jeune fille vertueuse ? Il y a tout espoir qu’Allah, par le souffle parfumé de Ses grâces, donnera à cette enfant une descendance vertueuse comme elle. » Et Acim, le fils