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histoire de la rose marine…
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rose marine dont tu parles, et dont la maîtresse est une adolescente princière de Chine, est sous la garde des genn aériens qui, jour et nuit, sont employés à empêcher qu’aucun oiseau ne vole au-dessus d’elle, que les gouttes de pluie ne détériorent sa corolle et que le soleil ne la brûle de ses feux. Je ne vois donc point comment je pourrais faire, une fois que je t’aurais transporté dans le jardin où elle vit, pour tromper la vigilance de ces gardiens aériens qui en sont amoureux. En vérité, ma perplexité est une grande perplexité ! Mais donne-moi encore un de ces excellents gâteaux, qui m’ont déjà fait tant de bien. Et peut-être que sa vertu aidera mon cerveau à trouver le joint que je souhaite. Car il faut que j’accomplisse ma promesse à ton égard, en te faisant parvenir à la rose de ton désir. »

Et le prince Nourgihân se hâta de donner le gâteau en question au genni gardien de la forêt qui, après l’avoir fait disparaître dans l’abîme de son gosier, enfonça sa tête dans le capuchon de la réflexion. Et soudain il releva la tête, et dit : « Le gâteau a fait son effet. Viens sur mon bras et envolons-nous vers la Chine. Car maintenant j’ai trouvé le moyen de tromper la vigilance des gardiens aériens de la rose. Et c’est de leur jeter un de ces étonnants gâteaux au beurre fondu, au sucre et à la fleur de farine. »

Et le prince Nourgihân, qui avait commencé à être fort inquiet en voyant s’évanouir le genni de la forêt, se rasséréna et s’épanouit ; et il reverdit comme le jardin et fleurit comme le bouton de rose. Et il répondit : « Il n’y a pas d’inconvénient. »