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les mille nuits et une nuit

Ghâder saisit son luth, et préluda, et, d’une voix profondément émue, elle chanta ces vers :

« La vie de l’homme a deux vies : l’une limpide et l’autre troublée.

Le temps a deux sortes de jours : jours de sécurité et jours de dangers.

Ne te fie ni au temps ni à la vie, car aux jours les plus limpides succèdent les jours sombres et troublés. »

Et, en achevant ces vers, la favorite d’Al-Hadi défaillit soudain et tomba, la tête contre le sol, sans connaissance ni mouvement. Et on la secourut et on la secoua. Mais déjà elle n’existait plus, réfugiée au sein du Très-Haut. Et Ishâk dit : « Ô mon seigneur, elle aimait le défunt. Et le moins que veuille l’amour, est d’aller jusqu’au moment où le fossoyeur a fini le tombeau. Qu’Allah répande Ses miséricordes sur Al-Hadi, sur sa favorite et sur tous les Musulmans. »

Et une larme tomba des yeux d’Al-Rachid. Et il ordonna de laver le corps de la morte, et de le déposer dans le tombeau même d’Al-Hadi. Et il dit : « Oui ! Qu’Allah répande Ses miséricordes sur Al-Hadi, sur sa favorite et sur tous les Musulmans ! »

— Et, ayant ainsi raconté cette histoire de l’infortunée adolescente, le jeune homme riche dit à ses auditeurs émus : « Écoutez maintenant, comme autre manifestation des jeux inexorables du destin, l’histoire du Collier funèbre. »

Et il dit.