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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 16, trad Mardrus, 1904.djvu/185

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les lucarnes… (le collier funèbre)
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LE COLLIER FUNÈBRE


Un jour, le khalifat Haroun Al-Rachid, ayant entendu vanter le talent du musicien chanteur Hâchem ben Soleïmân, l’envoya chercher. Et quand le chanteur fut introduit, Haroun le fit asseoir devant lui, et le pria de lui faire entendre quelque chose de sa composition. Et Hâchem chanta une cantilène de trois vers avec tant d’art et d’une si belle voix, que le khalifat, à la limite de l’enthousiasme et du ravissement, s’écria : « Tu as été admirable, ô fils de Soleïmân ! Qu’Allah bénisse l’âme de ton père ! » Et, plein de gratitude, il enleva de son cou un magnifique collier, enrichi d’émeraudes en pendeloques grosses comme des poires musquées, et le passa au cou du chanteur.

Et Hâchem, à l’aspect de ce joyau, loin de se montrer satisfait et réjoui, eut ses yeux troublés par les larmes. Et la tristesse descendit dans son cœur et fit jaunir son visage…

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut.