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les lucarnes… (le collier funèbre)
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moi aussi je versai des larmes amères sur le sort de cette infortunée jeune fille. Et le khalifat, qui était resté longtemps silencieux après cette catastrophe, me dit : « Ô Hâchem, une légère consolation à ma douleur serait d’avoir entre mes mains le collier de cette pauvre jeune fille, comme souvenir de ce qu’elle fut pour moi pendant sa courte vie. Mais qu’Allah me garde de te reprendre ce que nous t’avons donné. Je te prie donc de consentir à me vendre ce collier. »

« Et moi, aussitôt, je remis le collier au khalifat, qui, à notre arrivée dans la ville, me fit compter trente mille drachmes d’argent, et me combla de cadeaux précieux.

« Et telle est, ô émir des Croyants, la cause qui m’a fait aujourd’hui pleurer. Et Allah Très-Haut qui a dépossédé les khalifats ommiades de la puissance souveraine en faveur des Bani-Abbas, dont tu es la glorieuse descendance, a permis que ce collier arrivât entre tes mains avec l’héritage de tes nobles ancêtres, pour me revenir par ce chemin détourné. »

Et Al-Rachid fut très ému de ce récit de Hâchem ben Soleïmân, et dit : « Qu’Allah ait en Sa compassion ceux qui méritent la compassion ! » Et, par cette formule générale, il évita de prononcer le nom de l’un des membres de la dynastie rivale abattue.


— Puis le jeune homme dit : « Puisque nous sommes sur la porte des musiciens et des chanteuses, je