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les mille nuits et une nuit

veux vous raconter un trait, entre mille, de la vie du plus célèbre d’entre les musiciens de tous les temps, Ishâk ben Ibrahim, de Mossoul. »

Et il dit :


ISHÂK DE MOSSOUL ET L’AIR NOUVEAU


Entre les divers écrits qui nous sont parvenus de la main du musicien-chanteur Ishâk ben Ibrahim, de Mossoul, est celui-ci. Ishâk dit :

J’entrai, un jour, selon mon habitude, chez l’émir des Croyants Haroun Al-Rachid, et je le trouvai assis en compagnie de son vizir El-Fadl et d’un cheikh du Hedjaz, lequel avait une fort belle physionomie et un extérieur empreint de noblesse et de gravité. Et, après les salams de part et d’autre, je me penchai discrètement vers le vizir El-Fadl, et lui demandai le nom de ce cheikh hedjazien qui me plaisait et que je n’avais jamais vu. Et il me répondit : « C’est le petit-fils du vieux poète musicien et chanteur du Hedjaz, Maâbad, dont tu connais la renommée. » Et, comme je me montrais satisfait de connaître le petit-fils de ce vieux Maâbad que j’avais tant admiré dans ma jeunesse, El-Fadl me dit à l’oreille : « Ô Ishâk, le cheikh du Hedjaz que voici, si tu te montres aimable à son égard, te fera connaître et même te chantera toutes les compositions