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les mille nuits et une nuit

les airs nouveaux, quelque compliqués qu’ils fussent, je ne voulus pas répéter immédiatement devant le cheikh hedjazien la cantilène délicieuse et si neuve pour moi qu’il venait de me faire entendre. Et je me contentai de le remercier. Et il retourna à Médine, son pays, tandis que je sortais du palais, ivre de cette mélodie…

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut.

MAIS LORSQUE FUT
LA NEUF CENT QUATRE-VINGT-SEPTIÈME NUIT

Elle dit :

… Et il retourna à Médine, son pays, tandis que je sortais du palais, ivre de cette mélodie.

Et, en rentrant chez moi, je pris mon luth, qui était suspendu au mur, et j’en agençai, j’en harmonisai les cordes et les polis dans les plus petits détails. Mais, par Allah ! quand je voulus répéter la musique de cet air hedjazien qui m’avait tant ému, je ne pus parvenir à me rappeler la moindre note ni à me souvenir même du mode sur lequel il avait été chanté, moi qui d’ordinaire retenais des cantilènes de cent couplets pour les avoir entendues d’une oreille à peine attentive. Mais cette fois un voile de coton impénétrable était tombé entre ma mémoire et cette musique, et, malgré tous mes efforts de rap-