Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 16, trad Mardrus, 1904.djvu/210

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
206
les mille nuits et une nuit

gion. En vérité, le vénérable Abou-Hanifah prédisait juste, et voyait avec les yeux de son esprit ce que les autres hommes ne pouvaient voir avec les yeux de leur tête. Qu’Allah le comble de Ses miséricordes et des plus parfumées de Ses grâces ! »

Et voilà pour ce qui est de la balouza à la crème et à l’huile de pistaches.

Mais pour ce qui est de la difficulté juridique résolue, voici.

Un soir, me trouvant fatigué, je m’étais mis au lit de bonne heure. Et j’étais endormi profondément, quand on vint frapper à grands coups à ma porte. Et, en hâte, je me levai au bruit, je m’enveloppai les reins de mon izar de laine, et j’allai moi-même ouvrir. Et je reconnus Harthamah, l’eunuque de confiance de l’émir des Croyants. Et je le saluai. Mais lui, sans prendre le temps de me rendre le salam, ce qui me jeta dans un grand trouble et me fit présager de sombres événements à mon sujet, me dit d’un ton péremptoire : « Viens vite chez notre maître le khalifat. Il désire te parler. » Et moi, tâchant de dominer mon trouble et essayant de démêler quelque chose dans l’affaire, je répondis : « Ô mon cher Harthamah, je voudrais bien te voir montrer plus d’égards pour le vieillard malade que je suis. La nuit est déjà avancée, et je ne crois pas qu’il y ait réellement une affaire assez grave pour nécessiter que je me rende à cette heure au palais du khalifat. Je te prie donc d’attendre jusqu’à demain. Et d’ici là l’émir des Croyants aura oublié l’affaire ou changé d’avis. » Mais il me répondit : « Non, par Allah ! je ne puis différer jusqu’à demain l’exécution