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les mille nuits et une nuit

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut.

MAIS LORSQUE FUT
LA NEUF CENT QUATRE-VINGT-ONZIÈME NUIT

Elle dit :

« … j’ai juré à la jeune fille en question de ne jamais la vendre ni la donner. »

Et le khalifat, à ces paroles, se tourna vers moi, et me dit : « Ô Yâcoub, y a-t-il moyen de résoudre cette difficulté ? » Et moi, sans hésiter, je répondis : « Certainement, ô émir des Croyants ! » Il me demanda : « Et comment cela ? » Je dis : « La chose est simple. Pour ne pas manquer à son serment, Issa te donnera en présent la moitié de la jeune fille, cette esclave que tu désires ; et il te vendra l’autre moitié. Et, de cette manière, il sera en règle avec sa conscience, puisqu’il ne t’aura réellement ni donné ni vendu la jeune fille. »

Et Issa, à ces paroles, se tourna vers moi, fort hésitant, et me dit : « Et ce procédé-là, ô père de la loi, est-il licite ? Est-il acceptable par la loi ? » Et je répondis : « Sans aucun doute ! » Alors il leva la main incontinent, et me dit : « Eh bien, je te prends à témoin, ô kâdi Yâcoub, que, pouvant ainsi libérer ma conscience, je donne à l’émir des Croyants la moitié de mon esclave, et lui en vends l’autre moitié pour la somme de cent mille drachmes d’argent qu’elle