Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 16, trad Mardrus, 1904.djvu/215

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les lucarnes… (la crème à l’huile…)
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m’a coûtée en entier. » Et Haroun s’écria aussitôt : « J’accepte le cadeau, mais j’achète la seconde moitié pour cent mille dinars d’or. » Et il ajouta : « Qu’on m’amène ici-même la jeune fille. »

Et Issa alla tout de suite chercher son esclave dans la salle d’attente, en même temps qu’on apportait les sacs contenant les cent mille dinars d’or.

Et bientôt la jeune fille fut introduite par son maître, qui dit : « Prends-la, ô émir des Croyants, et qu’Allah te couvre près d’elle de Ses bénédictions. Elle est ta chose et ta propriété. » Et, ayant reçu les cent mille dinars, il sortit.

Alors le khalifat se tourna de mon côté et me dit d’un air soucieux : « Ô Yâcoub, il reste encore une autre difficulté à résoudre. Et la chose me paraît ardue. » Je demandai : « Quelle est la difficulté, ô émir des Croyants ? » Il dit : « Cette jeune fille doit, ayant été l’esclave d’un autre, subir, avant de m’appartenir, un nombre prévu de jours d’attente, afin qu’il soit certain qu’elle n’est point mère par l’influence de son premier maître. Or moi, si, dès cette nuit même, je ne suis point avec elle, j’aurai le foie qui m’éclatera d’impatience, j’en suis sûr, et je mourrai certainement. »

Alors moi, ayant réfléchi un instant, je répondis : « La solution de la difficulté est fort simple, ô émir des Croyants. Cette loi n’est faite que pour la femme esclave, mais elle ne prévoit pas les jours d’attente pour la femme libre. Affranchis donc tout de suite cette esclave, et marie-toi avec elle, femme libre. » Et Al-Rachid, le visage éclairé de joie, s’écria : « J’affranchis mon esclave ! » Puis il me demanda,